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À l’échelle mondiale, le développement du dessalement de l’eau de mer et de l’eau saumâtre connait une croissance très importante. La technologie de l’osmose inverse domine, mais reste confrontée à deux challenges environnementaux majeurs : la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre associés et la gestion des saumures. Les coûts de production restent élevés même si la tendance est à leur réduction. Le dessalement permet d’obtenir une eau de meilleure qualité, a priori exempte de micropolluants. Aujourd’hui, en France, il est considéré comme la solution de dernier recours en cas d’insuffisance de ressources en eau douce. Son développement reste donc très marginal et la définition d’un plan de développement du dessalement au niveau national n’est pas d’actualité. Il s’agirait plutôt de fournir des éléments d’information et de réflexion pour répondre aux sollicitations d’élus, de collectivités ou d’industriels, et d’anticiper les besoins pour développer l’offre considérant l’accroissement des tensions sur les ressources en eau du fait du changement climatique, de la raréfaction de la ressource et de l’altération des eaux actuellement exploitées. Économiquement, le dessalement peut devenir plus compétitif, mais il ne doit pas être considéré comme une solution de facilité pour répondre au moindre déficit en eau, mais comme une des solutions possibles pour répondre à un stress hydrique. Trois types de territoires ont été identifiés pour son développement : ceux disposant de ressources insuffisantes, ceux disposant de ressources altérées et les territoires qui seront confrontés à un stress hydrique plus important à l’avenir pour lesquels le choix entre différentes ressources doit faire l’objet d’une analyse coût-bénéfice. Cela implique de prendre en considération le dessalement dans divers documents de planification relatifs à l’eau, mais aussi à la mer et à l’énergie. Plusieurs préconisations sont formulées : rendre obligatoire la réalisation d’un schéma directeur d’alimentation en eau potable et assainissement (SDAEP) et la publication de ses résultats ; appliquer le principe de précaution en interdisant les rejets dans les zones à forts enjeux environnementaux et celles avec un faible courant ; développer des recherches sur les effets à long terme des saumures sur les écosystèmes et sur leur traitement ; analyser les synergies possibles avec les autres industries présentes sur les territoires, entre autres. Enfin, des mesures d’encadrement doivent être prises : adapter le code de l’environnement en créant une rubrique « dessalement » dans la rubrique ICPE ; créer une compétence « dessalement » à la DGPR et à la DEB ; élaborer un arrêté générique fixant les prescriptions minimales et établir une instruction pour les services de l’État et les opérateurs et adapter le code de la santé publique. En conclusion, le développement du dessalement ne constitue pas une priorité pour la France, mais demeure une réponse adaptée aux besoins de certains territoires. Anticiper, préparer un tel développement, augmenter les compétences, sont nécessaires pour permettre une mise en place maîtrisée du dessalement.