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La dynamique de réindustrialisation de la France passe notamment par des projets d’envergure qui artificialisent souvent des terrains naturels, agricoles ou forestiers. Lors de la mise en œuvre de la séquence « éviter-réduire-compenser » (ERC), si l’évitement et la réduction des impacts n’ont pas été possibles ou sont jugés insuffisants, les territoires à proximité de ces projets sont sollicités pour accueillir des compensations environnementales, sur des surfaces qui peuvent être importantes. Les terres agricoles sont alors doublement convoitées tant par la création d’aménagements nouveaux que par la compensation écologique qu’ils génèrent. La mission s’est attachée à examiner le cas du Dunkerquois. Le Grand port maritime de Dunkerque (GPMD), situé sur la façade littorale, au sein du plus grand des polders de France, occupe un territoire atypique très aménagé et artificialisé. L’économie locale est basée sur 2 piliers : l’activité industrialo-portuaire et un secteur agricole performant au plan technique et économique. Les espaces naturels susceptibles d’abriter la biodiversité caractéristique des milieux particuliers littoraux et humides sont devenus relictuels, fragmentés et se situent dans un environnement dégradé. Malgré tout, un fort consensus de l’ensemble des parties prenantes au niveau territorial sur l’opportunité du développement industrialo-portuaire prédomine. Les principales recommandations de la mission sont les suivantes : une prise en compte plus systématique de la séquence « éviter et réduire » dès l’élaboration des documents d’aménagement et dans l’étude des projets ; un volet « compensation » plus approfondi dans l’étude d’impact dès l’élaboration des documents d’aménagement ; l’élaboration de mesures compensatoires plus ambitieuses sur leur localisation, sobres en surface, efficaces dans leur installation et leur suivi que par le passé ; l’utilisation de toutes les marges de manœuvre des conditions d’application de la compensation écologique pour tenir compte des caractéristiques très spécifiques de ce territoire sous tension foncière, sans en remettre en cause les principes fondamentaux. Sur le territoire dunkerquois, il apparait essentiel de promouvoir des projets collectifs d’évolution progressive des systèmes agricoles pour améliorer concomitamment la biodiversité, l’adaptation au dérèglement climatique et la compétitivité agricole de ce territoire. La mission propose enfin que soit mise en place une « task force » chargée d’élaborer une stratégie intégrée de choix des projets industriels et de leur accueil sur les territoires.