Pas de message de service
Les piscicultures de repeuplement d’espèces en mauvais état de conservation, construites et gérées à l’origine par l’État, ont été progressivement transférées à des fédérations de pêche ou à des structures associatives, devenues porteuses de politiques nationales de restauration bien que ne disposant pas de la plupart des leviers nécessaires à leur éventuel succès. Aujourd’hui, la majorité de ces piscicultures est confrontée à des difficultés de financement ou se trouve dans une situation fragile de dépendance par rapport aux principaux bailleurs de fonds, à savoir les Agences de l’eau et l’Union européenne. En outre, certaines font face à des difficultés techniques ou à une relative fragilité de la structure gestionnaire. Pour au moins deux d’entre-elles (« Conservatoire national du saumon sauvage – CNSS » de Chanteuges, dans le Haut-Allier, et pisciculture de Rives, au bord du lac Léman), ces difficultés impliquent un risque de cessation d’activité à très court terme (2025) ; pour les autres, l’échéance semble un peu plus lointaine, en lien avec la fin des Plans de gestion des poissons migrateurs en cours (2027). Ces difficultés sont accentuées par une remise en question croissante de l’intérêt de l’alevinage du fait d’une vision de plus en plus naturaliste, portée par divers protagonistes, et des résultats mitigés des expériences conduites au cours des dernières décennies. Si les divergences de points de vue restent faibles dans le cas de réintroduction d’espèce, elles s’expriment plus fortement dans les situations de soutien à des populations sauvages, notamment dans le cas du CNSS. La présente mission conjointe a formulé quelques recommandations d’ordre général et s’est efforcée, dans la mesure du possible, de formuler des préconisations spécifiques pour chacune des piscicultures visitées. La mission note que si l’impact de ces piscicultures - et des programmes d’alevinage associés - sur l’évolution des populations piscicoles fait l’objet d’un consensus scientifique quant à sa capacité pour le moins relative ou incertaine à contrer sur le long terme les effets des pressions agissant sur la biodiversité, ces piscicultures peuvent néanmoins jouer un rôle déterminant pour la sauvegarde d'espèces pendant une période limitée, nécessaire à la restauration de conditions écologiques favorables. Si l'interrogation quant à l'efficacité et l'utilité des opérations de repeuplement est pertinente et de plus en plus forte, il n'en reste pas moins vrai que ces opérations de repeuplement peuvent jouer d’autres rôles dans la définition ou l’application d’accord internationaux mais aussi comme élément de motivation des acteurs dans la politique de restauration de la continuité écologique.