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La légine est un poisson de l’Océan Austral dont la croissance lente et la maturité sexuelle tardive justifient une gestion précautionneuse des stocks, d’autant plus que cette pêcherie est opérée dans la réserve naturelle des îles Crozet et Kerguelen inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. La pêche y est autorisée dans la limite des totaux admissibles de capture (TAC) arrêtés par la préfète des Terres australes et antarctiques française (TAAF). Seule la pêche à la palangre est autorisée et des critères de performance environnementaux ont été définis, dans le respect de la Convention pour la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR). La priorité est de financer rapidement une campagne scientifique permettant de préciser les évolutions à venir de la ressource. De plus, le bilan carbone de cette pêcherie est élevé en raison de l’éloignement des zones de pêche et de son faible rendement. Une amélioration dépend de l’utilisation de nouveaux carburants (biocarburants ou hydrogène). La France est le premier producteur mondial de légine australe. Cette pêcherie est très rentable, c’est pourquoi la mission propose de ne plus lui octroyer de soutien public spécifique. Elle recommande aussi une modification législative pour supprimer le plafonnement des droits de pêche, recette importante des TAAF, au regard notamment du coût pour l’Etat du contrôle de cette zone. L’exportation de la légine française est très dépendante des marchés américains et chinois. La prospection et le développement de nouveaux marchés en Europe et dans les pays du Golfe sont donc nécessaires. Les retombées sur l’économie de La Réunion sont structurellement limitées mais des marges de progrès existent en formant davantage de marins à La Réunion, en développant les filières réparation de navires et en valorisant mieux les sous-produits de cette pêcherie. Compte tenu des coûts fixes très importants et des investissements de long terme indispensables à cette activité, le seuil de rentabilité de la pêche à la légine est élevé. Autoriser un grand nombre de navires ne permet à aucun acteur d’avoir un modèle économique durable. Le contingentement est donc un outil particulièrement adapté à cette pêcherie, il permet également de réduire la pollution par les fumées, le bruit et le risque d’accident et il bénéficie du soutien de tous les armements. Quel que soit le niveau de contingentement retenu (7 ou 8 bateaux), la décision devra être solidement étayée sur le plan juridique en se fondant sur des éléments scientifiques, environnementaux et économiques. A terme, les quotas individuels transférables pourraient être testés, mais ils suscitent à ce jour un rejet de la part des acteurs de la filière comme du monde de la pêche métropolitain.