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En 2019, dans le département des Hautes-Alpes, la prédation exercée par le loup a suscité de forts mécontentements au sein de la profession agricole. Afin de disposer d’une analyse approfondie de la situation ainsi que de pistes de réponses, le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD) a réalisé une « mission d’écoute sur les difficultés liées au pastoralisme dans les Hautes-Alpes ». Ces toutes dernières années, la prédation s’est accentuée dans les Hautes-Alpes. Au-delà de l’élevage, la prédation n’est pas neutre sur d’autres activités comme le tourisme, à cause notamment des craintes qu’inspirent les chiens de protection. Les éleveurs rencontrés ont expliqué les contraintes et le stress que leur impose la protection des troupeaux contre le loup. Ils ont affirmé leur attachement aux tirs de défense, même si peu d’entre eux sont en capacité d’en user par eux-mêmes. Ils ont témoigné leur solitude face aux choix techniques à effectuer et leur sentiment d’isolement au sein de leurs vallées respectives. Ils regrettent enfin que la préoccupation prégnante du loup, qu’ils considèrent de plus en plus comme installé durablement, occulte les autres enjeux d’évolution du pastoralisme. Sur la base de ces constats, la mission conclut d’abord à un fort besoin de stimuler et structurer les échanges au sein du département, en s’appuyant sur le comité départemental loup, dont le fonctionnement doit être revu. Le groupe de travail créé par le parc national des Écrins contribuant positivement à mettre en place sur ce territoire des réponses aux difficultés rencontrées, la mission propose son rattachement au comité départemental loup, l’action de l’établissement en la matière relevant d’une politique nationale. Elle identifie comme un autre besoin majeur le renforcement de l’accompagnement technique et psychologique des éleveurs et bergers. Pour être efficaces, les méthodes de protection doivent prendre en compte les particularités du territoire et du mode de pastoralisme des Hautes-Alpes. Il importe de soutenir l’initiative positive de la chambre d’agriculture qui a mis en place à partir de 2020 un dispositif d’accompagnement individuel, l’intervention du Centre d’études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (CERPAM) pour répondre notamment à la demande d’accompagnement collectif, la mobilisation de la Mutualité sociale agricole. Les situations de grande fragilité humaine qui suivent très souvent les événements de prédation doivent être pris en compte par les agents chargés des constats de dommages, qui doivent par ailleurs assurer leur mission de diagnostic, de comptage et de contrôle. Les incompréhensions sur le sujet du loup au sein de la société, les conflits potentiels entre acteurs de l’agriculture, du tourisme, de l’élevage, de la protection de la nature, de l’éducation, appellent un effort particulier en matière d’information et de communication. Pour la mission, les interventions assurées par la brigade loup et les lieutenants de louveterie doivent pouvoir être maintenues. Par ailleurs, des dispositions devraient être étudiées pour que le risque de réalisation prématurée du quota national n’entrave pas la réalisation de tirs de défense dans les Hautes-Alpes où la période de pâturage peut se trouver décalée par rapport à d’autres départements.