Pas de message de service
Le territoire du bassin versant du Largue et de son affluent La Laye est marqué par la présence du barrage de La Laye. Il est constitué d’une zone amont karstique dont les circulations souterraines ont leur exutoire à l’extérieur du bassin et d’une zone aval, aux sols riches, où se concentre la population. Le barrage construit en 1962, dans la zone aval, sur les communes de Mane et de Forcalquier est à l’origine d’un développement tant agricole qu’urbain. Le maître d’ouvrage est le syndicat intercommunal d’irrigation de la région de Forcalquier (SIIRF). Tributaires d’un contexte méditerranéen, les ressources en eau de ce bassin sont limitées. Avec une capacité de 3,5 millions de m³, la retenue de La Laye est la ressource la plus importante du bassin. Les prélèvements actuels sur l’ensemble du bassin du Largue sont de l’ordre de 5 millions de m³ par an ; 2,8 millions de m³ sont en moyenne fournis par le barrage. Le territoire a été plusieurs fois confronté à des situations de sécheresse extrême entraînant la mise en place de restrictions d’usage de l'eau sur le bassin, cinq années sur huit entre 2005 et 2012, ainsi que son classement en zone de répartition des eaux dès 2010. Dans ce schéma, la pérennisation de la ressource en eau du barrage de La Laye est fondamentale et passe par la réalisation d'un nouvel évacuateur de crue, l'ouvrage actuel ne permettant pas de résister à une crue décamillenale, obligation réglementaire des barrages de classe A. Au-delà de cette priorité, l’ajustement de l’équilibre « besoins-ressources en eau » pour l’avenir reste à trouver et nécessite la réalisation des projets listés dans le contrat de gestion du bassin, repris dans le plan de gestion de la ressource en eau. Ces travaux sont indispensables pour restaurer la qualité du milieu naturel, sécuriser l’alimentation en eau potable, maintenir une agriculture à valeur ajoutée et permettre l’accueil de populations et d’activités supplémentaires. Mais leur mise en œuvre suppose une vraie réflexion concernant la gouvernance territoriale de l’eau. La mission a étudié la réponse du barrage à l’arrivée d’une crue forte. Dans les conditions de gestion actuelles le barrage ne résiste pas à une crue de période de retour 400 ans. Plus inquiétant encore, le délai d’une heure entre l’atteinte de la cote d’alerte et la submersion du barrage est insuffisant pour la mise en œuvre du plan de sécurité et de secours. La population concernée est estimée entre 1140 et 1800 personnes. La tenue d’une réunion d’information de cette population avant six mois est impérative. Afin de se protéger d'une telle crue, dans l'attente de la réalisation d'un évacuateur de crue conforme, il est indispensable de réviser les consignes de gestion de crue en envisageant une anticipation des événements extrêmes, voire une vidange préventive de la retenue. Ainsi, en phase transitoire, le barrage serait protégé contre une crue de période de retour jusqu’à 600 ans, et les délais pour organiser une éventuelle évacuation augmentés de 12 heures. La mission a étudié trois scénarios pour la sécurisation du barrage et le financement de l’évacuateur de crue. Pour chacun des scénarios, elle a fait ressortir les avantages et inconvénients, les conditions de réussite, les conséquences sur le prix de l’eau. Le scénario qui a la préférence de la mission est celui de l’ambition territoriale. Il permet de relever conjointement les trois défis qui se posent au bassin à savoir la pérennité du barrage de La Laye, la sécurisation de l'alimentation en eau potable et la restauration des milieux aquatiques, en ayant une approche sur le long terme. Cela nécessite la mise en place d’une gouvernance territoriale de l’eau qui ne soit plus émiettée, comme cela est le cas aujourd’hui. Il s'agit d'un scénario de mutualisation qui cherche à répartir les dépenses structurantes sur le périmètre qui en bénéficiera. À défaut, le projet peut se limiter à la seule réalisation de l’évacuateur de crue, portée par le SIIRF, comme cela était envisagé antérieurement. Pour finir, le scénario du pire serait celui de l’arasement du barrage que l’État devrait prescrire si les acteurs du territoire n’arrivent pas à faire émerger l’un de ces scénarios avant le 31/12/2021.