Mise en service au début des années 1980, la voie rapide urbaine (VRU) de Chambéry est devenue, le support essentiel des échanges au sein de l’agglomération et du transit vers les stations de sports d’hiver savoyardes. Le train pèse bien peu dans la vie quotidienne des Chambériens. La VRU connaît aujourd’hui une charge qui, les jours de grandes migrations hivernales, dépasse sa capacité. Les chiffres montrent que dans une proportion non négligeable, les Chambériens diffèrent alors leurs déplacements. Cette double peine infligée à la fois aux Chambériens retenus à domicile et aux "pèlerins de l’or blanc" freinés dans la vallée inquiète les élus savoyards. C’est pourquoi le président du Conseil départemental de la Savoie a sollicité de la ministre des transports l’appui du CGEDD pour une réflexion large sur la mobilité dans la cluse de Chambéry, dont les risques de thrombose évoqués plus haut constitueraient la toile de fond. Le présent rapport est une feuille de route à l’attention des décideurs. Il est apparu à la mission que la réunion d’éléments factuels et chiffrés conditionne toute prospective sérieuse. Invitée à travailler dans le cadre infrastructurel et serviciel actuel, moyennant le cas échéant la prise en considération d’ "aménagements ponctuels", la mission du CGEDD n’a pas pu proposer de solution évidente au problème. Mais loin de pénaliser le territoire, cette fragilité peut être exploitée pour en faire un véritable territoire d’innovation en matière de mobilité. Les suggestions et recommandations du rapport sont diverses et nombreuses : mise à profit de la position cruciale de la cluse de Chambéry à l’intersection des lignes ferroviaire France – Italie et Suisse – Méditerranée pour imaginer un « service express métropolitain », exploitant les grandes réserves de capacité du train et articulant le mode ferroviaire avec les modes de proximité, aménagements ponctuels et mesures de régulation sur la VRU, mise du covoiturage et du télétravail à l’agenda des collectivités locales et des grands employeurs, facilités à offrir au car de tourisme en tirant notamment parti de l’exceptionnel site de Cassine, poursuite de la réflexion opérationnelle sur la gestion de crise, etc. Le rapport suggère à la collectivité de rafraîchir ses outils de planification, notamment les modèles de simulation et de prévision de trafic, les enquêtes sur la mobilité de ses concitoyens et, au terme d’une démarche prospective concertée, les hypothèses sur lesquelles fonder ses modèles prédictifs. Compte tenu de l’enjeu à la fois local, départemental et national, et de la nécessaire synergie requise de multiples acteurs publics et privés, la mise en œuvre d’un plan pour la maîtrise de la mobilité dans la cluse suppose une gouvernance adaptée. Il appartiendra aux autorités locales de la concevoir. Invitée à faire mieux avec des moyens limités, Chambéry ne peut que se poser en champion d’une mobilité réinventée. La vision qu’elle donne aujourd’hui d’elle-même convainc qu’elle en a la légitimité et les moyens.