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La mission objet du présent rapport a été demandée au conseil général de l’environnement durable afin d’identifier les causes des dysfonctionnements des réserves naturelles nationales de Kaw-Roura et de l’Amana en Guyane (notamment les départs en cascade de personnels de ces deux réserves désormais très fragilisées) et de faire des propositions pour les dépasser. La mission s’est rendu sur place du 3 au 13 avril dernier. Elle a entendu au total plus de 80 personnes. Depuis leur création en 1998, ces deux réserves, lieux de haute valeur patrimoniale qui ont la particularité d’être en partie habitées, sont mal acceptées par les populations locales et divers acteurs (opérateurs touristiques, chasseurs, pêcheurs…). Leurs premiers gestionnaires n’ont ni réussi à améliorer cette situation, ni rempli leurs engagements (absence de plan de gestion, instabilité des personnels, gestion financière hasardeuse…). La gestion de ces réserves par le parc naturel régional de Guyane, depuis 2008 pour celle de l’Amana et 2014 pour celle de Kaw-Roura, a permis d’aboutir, enfin, à l’adoption de plans de gestion. Elle a également apporté une rigueur administrative et financière qui faisait défaut. Sur le plan de l’appropriation de ces dispositifs de protection de la nature en revanche, peu de progrès ont été accomplis. Sans charte approuvée depuis sa création en 2001, le parc n’est en effet pas porteur d’un projet de territoire dans lequel les réserves auraient pu s’insérer, ce qui aurait facilité leur appropriation par les populations locales. Il s’agit là d’une grosse déception. Les dysfonctionnements constatés tiennent pour une large part au malaise dans lequel se trouve le parc naturel régional de Guyane vis-à-vis des réserves : image qui se confond avec celle du parc dont l’action propre est mal connue ; cultures de travail très différentes entre équipes des réserves et équipes du parc ; management interne qui laisse trop peu d’autonomie aux conservateurs et conduit à leur démotivation ; missions de police mal assumées par le parc car porteuses de conflits ; mauvaise acceptation du rôle prépondérant de l’État dans les prises de décisions relatives aux réserves ; conception de la protection de la nature de la part du parc peu compatible avec celle afférente à des réserves naturelles. Face à ces constats, la mission recommande qu’une clarification intervienne rapidement afin qu’une confiance puisse se réinstaurer entre l’État et le ou les gestionnaires des réserves. Cela ne peut passer à ses yeux que par un nouvel appel à manifestations d’intérêt, ouvert au gestionnaire actuel. La mission fait une série de propositions pour que le cahier des charges permette, dans le cadre de la législation existante, d’être plus innovant (gouvernance, intégration dans un projet de territoire, stratégie de développement touristique) et qu’il incite à une solution de cogestion permettant de mixer les compétences. Elle fait également deux recommandations visant à renforcer de potentiels gestionnaires. À plus long terme, elle recommande qu’une évolution législative soit envisagée de façon à intégrer au code de l’environnement des dispositions spécifiques pour les réserves naturelles de Guyane et que les décrets de création soient mis en conformité avec ces nouvelles dispositions. Enfin, dans tous les cas, elle recommande que l’État garde un rôle de garant du haut niveau de protection de ces espaces et que l’ambition de protection soit clairement réaffirmée.