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Nice est la seule agglomération de France métropolitaine de plus d’un million d’habitants exposée au niveau moyen d’aléa sismique. Une étude du BRGM réalisée en 2018 conclut que, dans le pire scénario, il faudrait s’attendre à plus de 2 500 morts et près de 200 000 sans-abris. Grâce à des nombreuses études d’organismes spécialisés (bureau de recherches géologiques et minières – BRGM -, centre d'études sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement - CEREMA -, institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux – IFFSTAR -, etc.) et à un environnement de chercheurs de haut niveau à l’université de Nice, le croisement de la connaissance de l’aléa et de la vulnérabilité permet de disposer d’un ensemble d’éléments de diagnostic et d’actualiser un dispositif à moyen terme de réduction de la vulnérabilité de ce territoire. L’implantation géographique de Nice la rend particulièrement sensible au maintien des axes de communication, surtout avec le reste de la France métropolitaine : on peut parler d’ « effet presqu’ile ». Dans ce cadre, la mission a identifié trois points majeurs dont la vulnérabilité doit être réduite le plus possible : les trois ouvrages de franchissement routier du fleuve Var ; la plateforme aéroportuaire ; le réseau d’alimentation électrique. À partir d’éléments d’évaluation et de comparaison, on peut estimer grossièrement qu’un séisme de type 1887 à Nice amènerait l’État à devoir mobiliser, en urgence, au moins de l’ordre de 14 à 29 G€. À ces coûts, il faudrait rajouter le coût des opérations de secours, les dommages aux personnes (assurance décès et coûts pour la sécurité sociale) et le soutien de l’activité économique. La survenue récente de séismes en Italie, liés au même rapprochement des plaques Europe-Asie, doit être pris en compte pour rappeler que le risque de tels événements à Nice est certain, seule son occurrence temporelle est inconnue. La mission s’interroge sur l’absence d’actions concrètes de prévention, alors qu’elles sont d’un coût relativement faible, tant au regard des dépenses après catastrophe que de la richesse économique incontestable de ce territoire. Il est heureux que le préfet des Alpes-Maritimes ait engagé un plan départemental de prévention dès 2017, puis approuvé, début 2019, un plan de prévention du risque sismique (PPRS) sur Nice et un plan ORSEC dédié. Malgré l’effet de sidération que peut produire l’affichage des conséquences d’un séisme qui semblent démesurées et l’impossibilité de diminuer l’aléa et de construire des dispositifs d’alerte, il est possible de prévenir ses conséquences efficacement en amont, en sécurisant les infrastructures stratégiques et les bâtiments de catégorie IV (à commencer par ceux de l’État) et en durcissant les réseaux d’énergie, d’eau et de télécommunication. Cette action volontaire devra s'inscrire sur une période de dix ans en priorisant les mises en œuvre des actions. Au-delà de premières actions engagées, le territoire vulnérable de la conurbation de Nice doit s’engager dans des actions concrètes et coordonnées, supposant une gouvernance locale partagée ; une stratégie « sans regret », en inscrivant les investissements parasismiques dans des programmes plus larges ; une planification pluriannuelle, fondée sur deux piliers : un programme prioritaire de durcissement du patrimoine immobilier de l’État, un programme d’actions de prévention du risque sismique (« PAPRIS ») porté par les collectivités territoriales ; une sensibilisation renforcée, avec une communication adaptée, tant vers les professionnels que vers le grand public, pour sortir du déni dans une démarche de vigilance active. Face à l’enjeu national de la prévention d’un séisme à Nice, aux conséquences potentielles catastrophiques, il importe de mobiliser la solidarité nationale via le fonds de prévention des risques naturels majeurs (FPRNM), en soutien aux actions nationales et locales coordonnées indispensables afin d'accompagner chacun des acteurs en responsabilité pour obtenir une réduction rapide de la vulnérabilité.