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L’annonce par Météo-France de la prochaine fermeture des stations météorologiques de Chamonix et Bourg-Saint Maurice, suite à un regroupement progressif des activités montagne et nivologie dans deux centres spécialisés (Grenoble pour les Alpes et Tarbes pour les Pyrénées) envisagé dans le cadre de la démarche AP 2022, a suscité des réactions de la part des autorités locales de Savoie et Haute-Savoie. La mission du CGEDD a examiné les services rendus par les stations de Chamonix et Bourg-Saint Maurice. Les parties en présence ne donnaient pas le même sens à la réorganisation prônée par Météo-France en vue d’une amélioration de la prévision des risques d’avalanche (PRA), et à la perte de qualité liée à l’éloignement du terrain dénoncée par les autorités locales. Pour Météo-France, il s’agit de la mission « réglementaire » de prévision à l’échelle des massifs, à laquelle l’établissement est tenu, mission confiée à la suite de la mission interministérielle Saunier mise sur pied après l’avalanche catastrophique de Val d’Isère en 1970. Les autorités locales ont besoin des prévisions météorologiques et nivologiques à fine échelle pour assurer la sécurité. Ces services reposent largement sur une expertise montagnarde locale, et pour Météo-France, ils entrent dans le champ des activités exercées dans le domaine concurrentiel. La réorganisation proposée par Météo-France s’inscrit dans la démarche générale de centralisation de la production, justifiée par les progrès de la modélisation et autorisant des gains de productivité. Elle doit effectivement permettre d’améliorer à terme la qualité des alertes nivo-météorologiques de massif, le cœur de métier de l’établissement, grâce à un lien développé entre la recherche et les opérations. Mais elle se traduira dans un premier temps par une dégradation des services rendus localement, pour lesquels il n’existe pas d’alternative crédible, en particulier privée. L’examen des solutions en place en Suisse et en Norvège montre que l’organisation de la production «réglementaire» pourra effectivement bénéficier d’une organisation centralisée, mais qu’elle doit être accompagnée d’un vigoureux effort d’accompagnement des réseaux d’observation débouchant sur une professionnalisation des capacités locales pour répondre aux besoins locaux. La mission a examiné les solutions possibles pour répondre aux besoins exprimés par les autorités locales, en particulier sur la base de leur contribution financière. La réglementation de la concurrence complique sérieusement le problème, en l’absence de réel marché. La mission propose deux familles de solutions: dans la première, Météo-France, grâce au financement des collectivités concernées, réalise les prestations d’assistance nivo-météo de crise; dans la deuxième, à l’exemple des organisations suisses ou norvégiennes, Météo-France accompagne l’organisation de prévisions locales par les autorités locales en organisant et labellisant la formation des prévisionnistes, en mettant à disposition des données et des outils en animant les réseaux des observateurs et des prévisionnistes. Quelle que soit la solution retenue, la mission a souhaité appeler l’attention de l’établissement sur les conditions nécessaires à la réussite du projet AP 2022, qui se classent en 5 domaines: assurer la pérennité et la qualité du réseau d’observation nivo-météorologique construit en partenariat avec les stations de sport d’hiver, en maintenant des contacts réguliers et la formation, et en le complétant par de nouveaux types d’observation et par une plus grande attention aux besoins fonctionnels des observateurs; accompagner la mise en place de capacités de prévision locales des risques d’avalanches, en mettant en place la formation nécessaire et en la construisant à partir des observateurs nivo-météorologiques; garantir la disponibilité des développements logiciels nécessaires à la mise en place du plusieurs composantes du projet de réorganisation: collecte des observations, production centralisée efficace, partage d’information; conduire cette réorganisation en mode projet, traitant l’ensemble des composantes nécessaires, et ceci en lien étroit avec les autorités locales; poursuivre l’effort de recherche, en lien avec les nombreux partenaires grenoblois.