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La cohabitation entre l’activité pastorale en estive et la population d’ours brun est une réalité historique à l’échelle du massif pyrénéen, et un impératif à l’égard des engagements internationaux de la France pour une espèce dotée d’un statut de protection. Depuis les premières réintroductions d’ours, elle fait l’objet de tensions fortes, particulièrement en Ariège et où la vallée du Couserans, concentre à la fois l’essentiel de la population ursine des Pyrénées et la majorité des prédations (70 à 80 %). Les années 2017 et 2018 en cours ont connu une nette recrudescence des attaques et mortalités (691 brebis mortes en 2017) alors que la population ursine pyrénéenne connaît une évolution positive, avec un effectif sur le massif de 43 individus fin 2017. La mission formule six recommandations principales, constituant les bases d’un futur plan d’actions. Le régime d’indemnisation des dommages liés à l’ours en Ariège est appliqué par l’administration d’une manière plutôt favorable aux éleveurs. La convergence engagée au plan local comme au plan national entre le barème appliqué pour l’ours et celui appliqué pour le loup (non présent en Ariège), est positive. Il conviendra en revanche de veiller à certains points spécifiques du barème ours. Le système des mesures de protection soutenu par l’État, pertinent et cohérent dans ses principes, est basé sur la mise en place du « triptyque » de protection : (i) gardiennage par des bergers, (ii) regroupement nocturne des troupeaux, (iii) chiens de protection. Toutefois, la mission recommande de mettre en place les conditions d’un renforcement de ces moyens de prévention des prédations, par la réalisation d’un diagnostic pastoral individualisé pour chaque estive couplé à un diagnostic de vulnérabilité, et d’assurer la formation des bergers et des éleveurs à la gestion des troupeaux face à la prédation. Il importe aujourd’hui d’agir pour dissiper la défiance installée à l’égard de l’État chez nombre d’acteurs ariégeois, en développant un positionnement explicitement « aidant » et transparent. Une évolution vers un auto-constat des dommages liés à l’ours à caractère déclaratif par les bergers serait une preuve de confiance à leur égard, et permettrait de mobiliser les compétences des agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS)affectées à ces tâches de constat sur des missions de prévention des prédations. La mission propose d’expérimenter des actions de « fixation » de l’ours en secteurs forestiers, par plantations et nourrissage, d’effarouchement et de répulsion, de suivi de la population ; de relancer des initiatives pour une gouvernance ours et pastoralisme à l’échelle du massif pyrénéen comme à l’échelle des territoires. Les financements des mesures d’accompagnement sont déjà insuffisants sur certaines lignes. Un renforcement du dispositif de soutien financier des ministères de l’agriculture et de l’alimentation (MAA) - via le programme de développement rural du FEADER -, et de la transition écologique et solidaire (MTES) pour les dernières années de programmation (2019 et 2020), apparaît nécessaire, en lien avec le plan d’action Ours brun 2018-2028. La mise en œuvre de ces propositions créerait les conditions favorables à une cohabitation apaisée entre l’activité pastorale et l’ours. Les mesures de protection proposées doivent permettre de limiter le niveau des prédations par l’ours (même si aucune mesure ne conduira à une protection totale) et l’évolution du système d’indemnisation conduire à une juste compensation pour les éleveurs.