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L’étang de Berre et les milieux associés constituent l’une des plus grandes lagunes européennes. Les évolutions de son aménagement depuis 150 ans ont plusieurs fois fait basculer son état écologique entre masse d’eau quasi marine et étang d’eau presque douce. Des contentieux se sont développés au début des années 1990 qui se sont achevés par la condamnation de la France par la Cour de justice de la communauté européenne et par des modifications très importantes des conditions du turbinage en 2006. Depuis, ces nouvelles règles d’exploitation et les progrès sur l’épuration des eaux usées industrielles et urbaines se traduisent par des améliorations sensibles mais limitées de l’état des écosystèmes. La mission a pour objet de cerner les effets à attendre de différentes hypothèses de pompage, en l’état le plus actuel du savoir scientifique, de proposer une gouvernance efficace pour le projet et d’adapter le programme de suivi au projet redimensionné. L’état écologique de l’étang de Berre est médiocre, même si certains paramètres s’améliorent chaque année. L’étang de Bolmon, milieu très fermé et à l’aval d’un petit bassin versant de 100 000 habitants fonctionne comme une lagune épuratoire et accumule toxiques et nutriments. Il est particulièrement mal connu. Même si les recherches les plus récentes éclairent les conditions de formation de l’anoxie, les flux de nutriments restent mal connus, en particulier la dynamique du stock dans le sédiment, les exportations par le chenal de Caronte et les priorités d’interventions entre réduction des apports d’azote ou de phosphore pour limiter les phénomènes et éviter des manifestations extrêmes comme des dépôts importants d’algues vertes sur les plages. Aussi, est-il proposé que le bassin versant de l’étang de Berre soit considéré comme une « zone atelier » pour les scientifiques pour orienter les moyens financiers vers une compréhension globale de l’écosystème. Les effets d’un pompage sur l’amélioration du canal du Rove ne font aucun doute. Sur le Bolmon, les conditions d’intervention ont été mal étudiées et mal cadrées. Tant que les apports amont ne seront pas réduits, l’amélioration restera incertaine mais les effets d’un transfert de nutriments et toxiques vers l’étang de Berre pourraient n’être pas négligeables. La mission propose donc de ne pas mettre en œuvre un projet de pompage qui apparaît coûteux pour des résultats incertains mais modestes. L’étang de Berre est un réel atout pour les habitants en termes de cadre de vie et a un réel potentiel d’image pour l’accueil d’activités économiques et touristiques. Le projet de pompage n’est pas la seule solution pour tenter d’accélérer l’amélioration de l’état écologique que tous les riverains s’attachent à signaler depuis une demi-douzaine d’années. La mission recense de nombreuses idées, dont elle essaie d’évaluer les effets sans pour autant pouvoir en établir le chiffrage. Un certain nombre d’entre elles ne sont d’ailleurs que des conséquences des obligations de réduction et de traitement des rejets urbains et d’activités. Elle identifie plusieurs mesures sans regret qui pourraient accélérer les évolutions en cours. Enfin, elle recommande que l’ensemble des acteurs publics procède à un exercice de prospective à trente ans, sur une échelle large, intégrant les effets du changement climatique, les trajectoires économiques, démographiques envisageables pour dessiner un avenir partagé, et évaluer ces scénarios, avec l’aide des scientifiques, sur l’étang de Berre mais aussi la basse vallée de la Durance.