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L’objectif initial de la mission était de réaliser un audit d’assurance des systèmes d’information. En 2018, d’importantes modifications organisationnelles intervenues au sein des ministères MTES et MCTRCT (l’élaboration d’une stratégie du numérique (2018-2022) complétée par un plan de transformation numérique, puis la création d’un service du numérique), ont conduit à réviser la finalité de la mission et de réaliser un audit de conseil sur la transformation numérique et la gouvernance des systèmes d’information. La mission a précisé la terminologie « transformation numérique », constitutive d’une évolution majeure de la raison d’être d’une organisation, et qui réinterroge intégralement ses missions, son « modèle économique », ses modalités d’intervention, ses processus, les méthodes de travail de ses collaborateurs, le développement de leurs compétences, etc. La transformation numérique ne peut réussir que dans la mesure où est entreprise une démarche rigoureuse, reposant sur des chantiers bien identifiés ainsi que sur une conduite du changement forte et inclusive, tournée vers l’ensemble des agents. Concrètement, les organisations rencontrées par la mission lui ont permis d’identifier notamment deux aspects essentiels dans une transformation numérique: son processus de mise en route et le processus d’innovation consubstantiel à cette transformation. La transformation numérique doit être une révolution culturelle globale pour être réussie: tout ne repose pas sur les épaules de la fonction SI-Numérique, dont la réorganisation est une condition nécessaire mais pas suffisante. Qu’il s’agisse des agents à titre individuel ou des services (notamment déconcentrés), l’inclusivité digitale et les conditions nécessaires à une transformation numérique réussie ne sont pas garanties, pour plusieurs raisons. Une transformation numérique réussie est d’abord coûteuse, nécessitant des moyens importants, humains et financiers dédiés à la mise en route digitale de l’organisation. Des investissements élevés sont requis pour faire évoluer les cultures, les compétences, pour refondre les processus de travail et les modes d’intervention. Il s’ensuivra, à terme, des économies d’échelle, qui ne peuvent en aucun cas constituer l’objectif initial de la transformation. L’innovation « par la base », incarnée actuellement par la Fabrique Numérique, devrait être plus largement développée dans une logique de proximité des agents et de démultiplication dans les territoires, en l’associant par exemple à des réseaux d’incubation créés par divers opérateurs (par exemple le réseau des 574 de la SNCF). Les services déconcentrés subissent des mutations qui les fragilisent, notamment sur les fonctions support, avec un impact et des risques importants pour les fonctions métiers. Une caractéristique très importante de la transformation numérique est l’intrication très forte entre les métiers (en transformation) et les outils technologiques mobilisés pour faire basculer une organisation en mode digital. La transformation numérique doit être abordée comme une transformation profonde des métiers d’une organisation, et non comme une simple réforme ou une nouvelle mutualisation de ses fonctions support. Les processus conçus dans le cadre de la démarche ministérielle devront être confrontés au réel. Pour évaluer l’efficacité de cette transformation, il pourrait être opportun de mener un audit d’assurance de sa mise en œuvre d’ici deux ans.